Processus de création

♦︎ Processus de création

Nous avons peu l’occasion de voir ce qui se cache derrière une illustration et tout le processus de création. J’ai choisi de vous montrer et vous décrire les étapes de création de l’illustration « Adrienne Bolland » (ci-dessous, à gauche) qui croise les techniques de la linogravure et du cyanotype. 

1. Croquis. J’ai d’abord étudié sa vie et son parcours incroyable pour pouvoir en tirer des éléments marquants et symboliques. Elle était une des rares femmes de son époque à piloter un Caudron G.3 (avion sans cockpit), la première à avoir réaliser un looping (puis elle est devenue championne dans  cette discipline avec beaucoup de records), et à avoir traversé la Cordillère des Andes. Personne ne s’était aventuré aussi haut, aussi longtemps dans un Caudron. Avant sa traversée, elle a reçu le conseil d’une sud-américaine qui lui a dit « Lorsque tu verras un lac, il faudra tourner à gauche, c’est le seul passage pour ne pas y rester« , d’où le reflet de l’eau dans l’illustration. On retrouve également l’aile de l’avion, la référence au looping et à la fameuse chaîne de montagnes.

Pour en savoir plus sur sa biographie fantastique et à quoi elle ressemblait, c’est ici.

2. Linogravure. Pour cette technique, je grave une plaque de gomme (comme du lino que l’on met au sol) avec des gouges. J’ai réalisé les différents éléments séparément.

3. Encrage. Puis avec un rouleau d’impression et de la peinture spéciale (qui est en fait une sorte d’acrylique épaisse), j’encre ma plaque de lino gravée que je reporte sur papier.

Pour les plus curieux, ici une vidéo d’un exemple de réalisation de ces étapes:  « Démonstration d’un oiseau en linogravure avec l’artiste Anne Pargny »

 

 

4. Assemblage sur ordinateur. Une fois les linogravures réalisées et imprimées à la main, je les scanne, puis les assemble sur ordinateur pour créer mon illustration. J’ajoute une texture dans le fond pour obtenir des dégradés et ce côté sensible qu’offre la technique du cyanotype.

5. Création du négatif. Pour pouvoir faire un cyanotype (je reviens sur cette technique en dessous), il me faut un négatif. Toujours sur mon ordinateur, une fois l’illustration finalisée, je la passe en noir et blanc, puis en négatif. Ici je retouche les contrastes pour que le résultat final soit assez intéressant dans ses dégradés. J’imprime ensuite ce négatif sur un papier spécial (une sorte de rhodoid où l’encre de l’imprimante puisse adhérer).

Cyanotype. Le cyanotype est un des procédés les plus anciens de développement photographique. Mis au point par John herschel en 1842, il s’agit d’un tirage photographique, l’image étant constituée d’un pigment de couleur bleu cyan. J’ai donc mon négatif final (à gauche).

6. Je mélange deux solutions à quantité égale (avec l’aide de pipettes).

7. À l’aide d’un pinceau en mousse, j’encre ma feuille de cette solution chimique photosensible. Cette étape doit donc être faite sans lumière UV (une fois le soleil couché, ou dans une pièce sans fenêtre).

8. Je place mon négatif sur ma feuille enduite de solution. Et j’enferme le tout entre deux plaques (une vitre de verre au-dessus). J’ajoute des pinces de chaque côté pour que le résultat soit bien net.

9. On peut ensuite aller à la lumière du jour et exposer l’ensemble (8) au soleil entre 20 et 30min. Ayant peu de jours ensoleillés à Paris, j’ai acheté une lampe à bronzer et je me suis construit une « cabine de fortune à bronzer pour négatif » avec un carton que j’ai découpé dans le fond et au dessus.

10. Je pose ma lampe dessus et attends 40 min pour que la magie opère.

Il ne me reste plus qu’à récupérer ma feuille que j’avais enduite (dont les couleurs on viré sous l’action des rayons UV), et à la passer sous l’eau 5 min. Le bleu apparaît alors et au bout de 24h de séchage, j’obtiens la couleur définitive de mon tirage.

Pour voir tout cela en vidéo, je vous conseille celle-ci  

 

 

11. Tests de temps d’exposition. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, cela demande plusieurs tests avant d’obtenir le résultat voulu.

Chaque exemplaire est unique car suivant la quantité de solution déposée sur le papier, et suivant le temps d’exposition, on obtient avec un même négatif des rendus différents.

Voilà, vous savez tout sur le processus de création de cette illustration 🙂

À propos de l’illustration

Elle fait partie de la série « Femmes lumineuses » (série complète ci-dessous), présentée lors de mon exposition « Les éclairées », au Elles Fest, à Ground Control.

Commissariat d’exposition par Virna Gvero
« Pour cette série de portraits réalisés grâce au procédé ancien du cyanotype, Ségolène Carron s’intéresse aux biographies de cinq femmes trop souvent oubliées par l’histoire, mais dont les trajectoires de vie et les engagements font d’elles des personnalités incontestablement précurseures. Actives dans des sphères souvent associées au domaine du masculin, elles se distinguent par leurs contributions à la politique, la littérature, l’histoire de l’exploration ainsi que les luttes antiracistes et féministes. (…) Avec ces portraits, à mi-chemin entre l’abstraction et le réalisme, Ségolène Carron tisse un récit hétérogène, une herstory qui contribue à combler ces lacunes dont fait preuve l’historiographie officielle. »

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